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← Back to IdeasAfter Covid : Will we simply be resilient, or truly "anti-fragile"?
Face à la crise que nous traversons, tous les efforts aujourd’hui sont concentrés sur “l’aplanissement de la courbe” épidémiologique afin d’accélérer le cycle naturel de vie de la pandémie. Cependant, cette crise ne doit pas mettre en pause notre réflexion économique et politique. Dès maintenant, il s’agit de penser ce moment, et de réfléchir à nos entreprises et sociétés de demain.
Nos sociétés actuelles en quête de résilience
Popularisé par le neuropsychiatre français Boris Cyrulnik, le concept de résilience est depuis quelques années très en vogue dans le monde de l’entreprise. Prenant tout son sens dans notre crise actuelle, il représente la capacité des individus, des groupes ou des entreprises à résister aux situations de traumatisme auxquels ils font face. Le concept d’un organisme résilient pourrait trouver son illustration dans l’image du “roseau” de Jean de La Fontaine dans sa fable « Le Chêne et le Roseau ». Contrairement au chêne qui tente de résister au vent, quitte à se casser, le roseau plie face aux secousses, se tord parfois dangereusement, mais sans jamais se briser. Depuis plusieurs années, face aux multiples risques auquel il fait face (économique, cyber-sécurité, terrorisme…), le monde économique a développé des stratégies de résilience puissantes, qui permettent aux entreprises de « plier » efficacement, afin de revenir à la situation initiale au plus vite, une fois la crise passée.
De la même manière, nos sociétés européennes, actuellement “mises en pause” par la crise sanitaire, vivent un véritable test de résilience : comment pouvons-nous “plier” au mieux, afin de pouvoir reprendre l’action dès la crise passée. Les décisions du gouvernement français, notamment le plan militaire Résilience mis en place plus tôt cette semaine, vont en ce sens : résister à la crise tout en préparant la remise en marche et l’accélération économique dès la reprise, dans le but de rattraper le temps perdu. Mais cette piste est-elle réellement ce qu’il nous faut pour demain ?
La nécessaire transformation d’état d’esprit : de l’optimisation à la maximisation
Dans son livre de 2012 Antifragile : Things that gain from disorder, l’essayiste Nassim Nicholas Taleb estime que dans notre monde actuel, la résilience ne suffit plus. Alors que celle-ci n’entraîne qu’un retour à la situation initiale, celle qui a précédé le choc, il milite pour une réflexion aboutissant à un nouveau comportement, qui sache prendre en compte le choc vécu pour se reconstruire de manière différente, et même se renforcer. Contrairement au roseau qui plie et revient à sa posture initiale, l’organisation “anti-fragile” saura apprendre du choc pour créer une nouvelle situation, différente de celle qu’elle vivait pré-crise, et qui la rendra encore plus puissante.
Dans notre situation sanitaire actuelle, le piège serait donc de souhaiter dès que possible un retour à la “normalité” connue, de revenir à notre vie d’avant 2020. Désormais, nous sommes nombreux à militer pour que nos mondes politiques et économiques ne reprennent pas simplement le cours des choses à l’identique, une fois la pandémie passée. Les entreprises doivent être pionnières dans cette transformation, afin de préparer le futur d’une manière “anti-fragile”. En ce sens, il est temps de quitter la pensée d’optimisation à outrance qui prévaut dans les directions, rendant leur entreprise fragile et incapable d’ajustements. A l’inverse, celles-ci doivent dès à présent adopter une pensée de la maximisation, soit la recherche d’augmentation des externalités positives de leur activité, économiques mais aussi sociales à destination de l’ensemble des parties prenantes, clients mais aussi employés ou communautés externes. Ce changement permettra de renforcer leur performance sur le long-terme, et de mieux résister de manière collective aux chocs futurs.
Comme le disait Jean Monnet : « Les hommes n’acceptent le changement que dans la nécessité, et ils ne voient la nécessité que dans la crise. ». Les pistes de réflexion sur les bouleversements à opérer dans le monde économique après-crise sont multiples, et le laboratoire d’idées nouvelles qui nous permettront enfin de rentrer dans un siècle nouveau n’en est qu’à son début. A nous de ne pas manquer cette opportunité collective.